Homélies et conférences du Père abbé - Dom Damien Debaisieux

Vigile pascale

(Mt 28,1-10)

Avril 2020

Chers Frères, nous sommes en confinement, les portes sont fermées, nos mouvements sont restreints et le monde semble comme s’être arrêté ; il se soigne et s’interroge. Et tous, nous attendons « l’heure où, comme dans l’évangile, commencer(a) à poindre le premier jour de la semaine » (1), la fin de ce mauvais rêve surréaliste. Matthieu nous parle lui aussi de ce moment où tout s’arrête, du Grand Sabbat, puis de cet après, et c’est alors le mouvement, l’ouverture, l’air pur : le ciel, une pierre roulée, un tombeau qui s’ouvre comme un carcan qui nous tombe des épaules ; un mouvement ininterrompu de la course des femmes à l’apparition de Jésus, en passant par la descente de l’ange et en imaginant déjà les disciples en Galilée au bord du lac. Le mouvement, la vie, et par deux fois, comme une espérance pour aujourd’hui : « Soyez sans crainte » (5.10).

Jeudi Saint

Avril 2020

 

Chers Frères, ce soir nous faisons mémoire d’un repas, de la sainte Cène, mais ce repas n’a de sens que s’il s’inscrit dans l’ensemble du mystère pascal. Ce soir, nous célébrons donc déjà la mort et la résurrection du Seigneur. Par contre, le récit de ce repas, et ici sous la forme plus spécifique du lavement des pieds, nous aide à comprendre, à entrer dans le mystère de cette mort et de cette résurrection, dans le don et le salut que le Christ nous apporte.

Frères et sœurs,

dans le cadre des chapitres que je donnerai à la Communauté durant ce Carême, je m’appuierai sur les prédications que le Capucin Raniero Cantalamessa a données l’année dernière au Vatican. Or, sa première conférence reprend l’évangile d’aujourd’hui, conférence qui va donc nous servir de canevas pour cette homélie.

Chers Frères, en débutant ce Carême, lors de l’homélie du Mercredi des Cendres, nous avions évoqué l’hypocrisie, la dualité plus ou moins prononcée qui habite chacun de nous. Et nous étions invités, pendant ces 40 jours, à nous en affranchir, à nous libérer du regard sur soi, du regard de l’autre, à faire grandir la personne que nous sommes et non pas le personnage, en regardant Celui dont l’amour ne peut nous manquer. L’hypocrisie, disions-nous, était finalement l’expression de cette peur de ne pas être aimé, et elle était aussi une entrave à la foi puisqu’elle ne s’appuyait pas sur Dieu, le reléguant à la seconde place, le rejetant en dehors de la ville.

Frères et sœurs, l’évangile que nous venons d’entendre est le dernier qui a été proclamé dans cette église avant le décès de Père Bernard, celui que notre Ordre monastique a choisi pour fêter les saints fondateurs du monastère de Cîteaux. Cet évangile peut donc nous éclairer sur notre vie de moine, et par conséquent sur la vie et la mort de notre Père Bernard.

L’Annonciation 2020

(Luc 1,26-38)

Chers frères,

en cette fête de l’Annonciation, comme neuf mois plus tard en celle de la Nativité, c’est le mystère de l’Incarnation que nous célébrons : « Et le Verbe s’est fait frère » comme l’a écrit le Bienheureux Christian de Chergé. Ainsi, face à cette proximité de Dieu dans chacune de nos vies et dans celle de notre communauté, nous pouvons reprendre la question de Marie : « Comment cela va-t-il se faire… ? » Comment Dieu peut-il se faire si proche et comment Dieu peut-il être frère, être dans le frère ? « L’ange lui répondit : ‘L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre’ ». C’est donc l’Esprit qui est ici à l’œuvre et que nous devons discerner dans notre quotidien.

(Jn 1, 29-34)

Frères et Sœurs, Jean-Baptiste, que Jésus a qualifié ailleurs de « plus grand des enfants nés d’une femme » (cf. Mt 11,11), est assurément une figure étonnante. Cet homme, dont parle uniquement le Nouveau Testament, est pourtant le dernier représentant de cette longue lignée de prophètes de l’Ancien Testament. Cet homme, arrivé juste à temps pour désigner Jésus comme Celui qui vient, est aussi celui dont on a parfois l’impression qu’il est arrivé juste un peu trop tôt et qu’il est déjà trop tard pour lui pour participer pleinement à l’évènement Jésus.